C’est dans les crises qu’on voit les carences. Aujourd’hui, se révèle l’effondrement de l’Etat.
Une des questions majeures que pose cette crise est : où passe l’argent ? Où passent les milliards et les milliards de notre pays fiscalisé à outrance ?
Marine Le Pen, dans Valeurs actuelles, le 26 mars 2020
La crise que nous sommes en train de traverser fait éclater en pleine lumière des vérités que nous étions bien seuls à énoncer, elle permet un diagnostic clair sur les maux qui sont ceux de la France, elle rend justice à ceux qui paient la facture depuis des années et qui continueront à la payer demain, elle souligne la responsabilité, voire la faillite d’autres.
La France portée à bout de bras par les Gilets jaunes
Depuis plus de trois semaines, la grande majorité des Français est confinée chez elle afin de freiner la propagation de la pandémie. Pourtant, nombreux sont celles et ceux qui continuent à aller chaque jour travailler souvent sans protection pour sauver des vies ou faire fonctionner les services essentiels à notre quotidien. Soignants, médecins, infirmières, aides-soignants, auxiliaires de vie mais aussi forces de l’ordre, agents de sécurité, éboueurs, livreurs, caissières, commerces de bouche, ils sont en première ligne. De même, nos artisans, entrepreneurs, commerçants, agriculteurs et indépendants de façon générale, seront les plus en danger face à la crise économique qui suivra la crise sanitaire.
Plus proches de « ceux qui ne sont rien », selon la méprisante expression d’Emmanuel Macron, que des « premiers de cordée », ces Français constituent les gros bataillons de nos classes moyennes et populaires, matraqués fiscalement ces dernières années puis matraqués au sens propre du terme par le gouvernement l’an dernier. Car cette France qui se lève tôt, à qui on demande toujours davantage et à qui on donne toujours moins, était également celle des ronds-points, celle qui a soutenu ou participé au mouvement des Gilets jaunes.
Ces Français auxquels tout le monde rend hommage aujourd’hui, auxquels tout le monde doit quelque chose, sont ceux qui créent de la richesse, vivent de leur travail et fournissent des services, qui nous nourrissent, nous soignent ou encore nous protègent. Ils sont pourtant maltraités par notre société, notre économie et plus encore nos gouvernants.
En effet, ils sont pour une part d’entre eux les vaches à lait des gouvernements successifs, sommés de contribuer plus souvent qu’à leur tour aux plus de 1000 milliards de prélèvements obligatoires annuels, presque la moitié de la richesse nationale produite chaque année. Pire, ces centaines de milliards ne vont que pour une petite partie à l’autre catégorie d’entre eux. Quelques chiffres sont là pour en témoigner : sur ces 1000 milliards, seuls 200 milliards vont aux missions régaliennes (défense, intérieur, justice), à l’Hôpital et à l’éducation ; sur les 5,5 millions de fonctionnaires, seuls 2,5 millions sont affectés à ces missions essentielles ; alors qu’un gardien de la paix ou une infirmière gagnait deux fois le smic au début des années 80, ils ne gagnent qu’un peu plus que le smic aujourd’hui ; alors que le nombre de fonctionnaires a augmenté d’un million depuis le début des années 80 (soit deux fois plus vite que la population française), la part des effectifs régaliens, hospitaliers ou de l’éducation a diminué.
Un tel constat accablant appelle une seule question : où va l’argent ? La réponse se trouve dans la faillite de notre technocratie rongée par la morgue, l’incompétence, l’idéologie et qui a fini par prendre le dessus sur le pouvoir politique.
Une France sous-gouvernée et hyper-administrée
Les innombrables ratés durant la crise du coronavirus auront révélé l’ampleur de la mauvaise gestion, et même l’effondrement, de l’Etat et de ceux qui sont censés le diriger : une communication marquée d’abord par l’inconscience (Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, dit avoir averti du danger dès janvier mais…personne ne sait alors inquiété du trop faible nombre de masques pour le personnel soignant), puis le mensonge, (la même Agnès Buzyn affirmait publiquement et dans le même temps que le virus n’atteindrait pas la France, que le port du masque était superflu), une impréparation incompréhensible (la pénurie de masques pour les soignants, de tests pour la population, de lits de réanimation, témoigne d’une administration et de gouvernements successifs qui ont manqué à leur devoir d’anticipation et de protection, y compris lorsque le virus était à nos frontières en Italie), un manque de réactivité et des atermoiements déroutants (quant à l’acceptation de l’aide des cliniques privées, la question de la chloroquine ou encore celle des tests privés).
A cela s’ajoutent les responsables de la gestion de crise actuelle qui sont souvent les mêmes qui ont préparé depuis des années le naufrage actuel. Ainsi, Jérôme Salomon, actuel directeur de la Santé que l’on voit officier tous les soirs sur toutes les chaines info lors de son point de presse, est l’ancien conseiller de Marisol Touraine, ministre de la Santé de François Hollande de 2012 à 2017, mais aussi l’auteur d’une note sur l’impréparation de la France en matière de lutte contre les épidémies…en 2016 ! Aux manettes, avant et après, il n’a jamais tiré les conséquences de ses propres recommandations.
La haute fonction publique se révèle ainsi incapable de faire face à des crises prévisibles, annoncées, et tout aussi incapable de répondre aux urgences. De prévoir, organiser, anticiper et protéger. La source de cette incompétence se trouve dans la relation incestueuse qu’elle entretient avec les gouvernants à plusieurs égards.
Tout d’abord, l’avachissement du droit et du sommet de la chaîne de commandement démocratique. Au sein d’un Etat et d’une démocratie digne de ce nom, le pouvoir politique décide, l’administration exécute. Depuis des décennies, la démission du pouvoir politique a entrainé l’affaiblissement de notre système juridique du fait de l’inflation normative et des déclarations d’intentions. En 1991, déjà, le Conseil d’Etat dénonçait « le développement des textes d’affichages, un droit mou et flou ». L’imprécision du décret « Jogging » ou encore la rectification du décret sur la Chloroquine au lendemain de sa parution ne sont que les énièmes illustrations de cette dérive. Pour les meilleurs d’entre eux, les hauts fonctionnaires pâtissent de cette situation, pour les autres ils en profitent pour imposer leurs vues. Le préalable à tout redressement est la restauration de l’unité de commandement, le retour de la loi comme expression du peuple souverain, à rebours donc de la multiplication des directions et agences régionales, source de contradictions et de conflits de compétences.
Cette relation malsaine entre pouvoir politique et administration s’exprime également par l’idéologie. Là aussi, gouvernements successifs et haute administration communient depuis des décennies dans la même idéologie post-nationale et post-démocratique, le choix de l’immigration, le dogme libre-échangiste à l’extérieur et la religion du fiscalisme bureaucratique à l’intérieur. En d’autres termes, une social-démocratie à la française qui réussit à cumuler le pire du libéralisme et le pire du socialisme. Avec pour ennemi à abattre la nation, les frontières, l’Etat stratège, l’autorité ou encore la liberté d’entreprendre ou simplement de vivre du fruit de son travail.
Enfin, technocrates et gouvernants partagent depuis des décennies la même addiction pour la dépense publique. Avec 56% du PIB absorbé par la dépense publique, notre pays est champion d’Europe en la matière. Mais il n’a ni masques, ni tests. Avec 44% de leur richesse nationale consacrée à la dépense publique, nos voisins allemands ont des masques, des tests, deux fois plus de lits de réanimation et moins de victimes. Des chiffres et des réalités qui prouvent que dépenser plus n’est pas gage d’efficacité. Quelle que soit la bonne volonté des agents sur le terrain, notre sphère publique ne sait plus discerner l’essentiel : le devoir de protéger et de défendre, en concentrant nos moyens sur la police, la défense, la justice, la santé, l’éducation et l’Etat-stratège. Au lieu de cela, les technocrates ont plombé nos finances publiques, endetté notre nation au point de mettre sa souveraineté entre les mains de ses créanciers.
Enarque et inspecteur général des finances, Emmanuel Macron est le technocrate par excellence. Aussi éloigné et étranger qu’on puisse l’être de cette France qui travaille et s’expose, de ces Français victimes du laxisme et de l’enfumage administratif, de cette majorité silencieuse qui a soutenu les gilets jaunes hier et qui contribuera à redresser la France demain. Chef d’un Etat en faillite et représentant d’une pseudo-élite qui a failli, Emmanuel Macron devra demain rendre des comptes au peuple français à double titre.