La catastrophe sanitaire de la Covid19 a prouvé à quel point les gouvernements français successifs et l’Union Européenne ont désarmé la France en matière de souveraineté sanitaire : masques, vaccins, médicaments, équipements hospitaliers… Notre pays est devenu dépendant d’un nombre intolérable de biens essentiels à notre santé.

Notre système de transfusion sanguine est l’un des rares secteurs médicaux qui assure encore notre autosuffisance nationale. Depuis 2000, notre pays n’a jamais connu de pénurie ; chaque jour 10 000 dons sont réalisés grâce à un système original qui respectent quatre principes éthiques fidèles aux valeurs françaises, tout en assurant la sécurité des donneurs et receveurs : bénévolat, volontariat, anonymat et non-profit. Contrairement à de nombreux pays étrangers, la France a choisi de ne pas faire du corps un bien commercial.

Ce système est hérité des réformes qui ont suivi la tragique affaire du sang contaminé dans les années 80 qui a profondément marqué la France. A la suite de ce scandale, le système transfusionnel est sérieusement modifié. Les mesures de sécurité sont renforcées et un opérateur exclusif est créé en 2000, l’Etablissement Français du Sang (EFS). Ce dernier collecte sang, plasma et plaquettes. Quant au laboratoire public du fractionnement et des biotechnologies (LFB), il fabrique les médicaments dérivés du plasma. 90% du plasma collecté par l’EFS est utilisé pour créer des médicaments.

Ce fonctionnement public et désintéressé de notre système transfusionnel a été lourdement fragilisé par les pouvoirs publics, malgré la grande mobilisation des bénévoles : suppression des collectes mobiles notamment en zones rurales qui représentent 2 millions de dons en 2018, contre 965 000 pour les sites fixes[1], diminution du nombre de médecins, fermeture de plusieurs sites fixes (Annonay, Rouen, Agen, Epinal, Saint-Quentin…).

 

Les gouvernements ont aussi multiplié les compromissions avec des multinationales et l’Union Européenne qui n’ont aucun respect pour nos valeurs et notre indépendance sanitaire :

  • 2016, la multinationale suisse Octapharma est autorisée à vendre en France ses médicaments dérivés du plasma grâce à une décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne condamnant la France[2] alors que les méthodes de cette entreprise frôlent avec l’illégalité[3].
  • 2018, l’Etat cède CellforCure, filiale du LFB spécialisée dans les thérapies cellulaires au profit du suisse Novartis[4]. Ce bijou technologique était leader en Europe dans le domaine.
  • En 2018, A. Buzyn[5] puis O. Véran[6] ouvrent le capital du LFB par l’intermédiaire de la banque Rothschild, remettant en cause le principe même de non-profit de la transfusion sanguine.
  • 2019, dans son rapport annuel[7], la Cour des Comptes préconise la fin du don éthique bénévole. Elle détourne l’emploi du mot « rémunération», en s’appuyant sur le droit européen qui reconnait « l’indemnisation du don ». La rémunération en échange de sang est particulièrement dangereuse car les donneurs pourraient mentir sur leur état de santé pour donner et être payé. Ce sont bien évidemment les plus pauvres qui seraient victimes, comme c’est le cas dans les pays qui pratiquent cette rémunération.
  • 2019-2020, le scandale « Plasma Files» est révélé par la presse[8]. Depuis 2010 les machines de prélèvement du géant Haemonetics créaient des particules noires qui se retrouvaient dans les poches de plasma et dans l’organisme des donneurs et receveurs. L’Etat savait mais n’a pas réagi. Malgré ce scandale, la direction de l’EFS est restée en place, comme le Directeur Général de la Santé.

 

Au regard de ces affaires, un changement majeur doit être réalisé dans la direction de l’EFS, du LFB et de Santé Publique France. Il faut enfin instaurer une réelle transparence des conflits d’intérêts et une surveillance régulière de la gestion du système transfusionnel Français.

 

La France doit imposer son propre modèle contre les tentatives d’ingérence de l’Union Européenne et ne plus se soumettre à des directives qui visent à faire de la santé un bien commercial comme un autre.

 

De plus, des mesures sérieuses et de long terme doivent être prises pour assurer la pérennité de la transfusion sanguine :

  • Faire du don du sang une vraie cause de santé publique, en élargissant la communication auprès des citoyens, en sensibilisant les grandes entreprises qui doivent participer plus largement aux collectes et en développant massivement le digital comme cela a enfin commencé en 2020.
  • Aligner les conditions du don entre tous les donneurs en garantissant la sécurité du système transfusionnel.
  • Garantir au LFB les ressources publiques nécessaires à son fonctionnement et à la recherche dans les médicaments dérivés.

 

Il nous appartient de refuser les dérives mondialistes qui visent à faire de l’homme un simple objet commercial. Tirons les leçons de la crise de la covid19 et assurons notre souveraineté sanitaire.

 

 

[1] https://www.apmnews.com/documents/201909181006020.EFS_chiffres_cles_2018.pdf

[2] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:62012CJ0512&from=FR

[3] « Le business du sang », documentaire Arte diffusé le 21/02/2017.

[4] https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/novartis-rachete-un-outil-de-production-de-therapie-cellulaire-en-france-240733

[5] https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/letat-ouvre-le-capital-du-lfb-son-laboratoire-de-traitement-du-sang-239991

[6] Courrier du 17 Juin 2020 en réponse à la question de la Sénatrice du Pas-de-Calais Cathy Apourceau-Poly du 29 Avril 2020.

[7] https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-02/10-filiere-sang-France-Tome-2_0.pdf

[8] https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/plasma-files-une-enquete-internationale-souleve-de-nouveaux-des-interrogations-autour-dune-multinationale-du-sang_4028667.html

Damien Toumi

Damien Toumi

Président d’une amicale (2018-2019) Militant pour le don de sang bénévole