La France dispose d’une position confortable dans l’ordre des puissances spatiales, pouvant compter sur un personnel compétent, des outils performants et modernes ainsi que sur des relais institutionnels pleinement mobilisés au service de sa politique spatiale. Néanmoins, l’actualité spatiale apporte chaque année son lot de nouveaux acteurs et de défis économiques, sociaux ou encore sécuritaires, imposant une adaptation permanente.
L’investissement financier étant garant du maintien comme du développement des compétences scientifiques et industrielles, les efforts budgétaires engagés pour les secteurs civils comme militaires doivent s’intensifier ces prochaines années. Ils permettront notamment à la France de développer ses outils nationaux mais également sa participation dans l’ensemble des programmes européens conduits par l’ESA, de conforter son leadership historique face aux ambitions allemandes et de conserver des retours géographiques essentiels pour son industrie comme pour les territoires qui l’accueillent. Ils offriront également un levier certain pour les actions de diplomatie spatiale conduites depuis des décennies avec les Etats-Unis et la Russie notamment dans le domaine de l’exploration.
Sans céder aux sirènes d’une optimisation des outils industriels organisée à l’échelle européenne, la France doit gagner en souplesse, notamment administrative, et renforcer sur son territoire l’émergence de l’écosystème produit par le New Space. L’espace est riche de ressources exploitables dans l’immédiat (orbites, données) ou dont l’exploitation est espérée à moyen et long termes (tourisme, métaux). Sans renoncer aux rôles historiques du CNES, de l’ESA et des grands groupes industriels, notamment dans le domaine stratégique des lanceurs, les entreprises et les idées innovantes permettant d’ouvrir sur ce champ des possibles doivent être encouragées autant que protégées des prédations.
Dans un contexte où les acteurs du spatial se multiplient, la transformation et la sanctuarisation du secteur spatial français lui conféraient un caractère innovant autant qu’une légitimité dans l’accompagnement d’autres puissances spatiales en gestation ou en croissance. Elles conféraient également à la France un rôle normatif accru par sa capacité à se saisir des enjeux juridiques, sécuritaires et environnementaux d’un domaine spatial ouvert, dont l’accès tend à se démocratiser et qu’une privatisation sauvage menace parfois. La France devra alors impérativement conserver son rang et affirmer ses idées dans les modifications à venir du droit de l’espace.