Développé récemment par un chroniqueur sur les plateaux de Cnews ou dans les colonnes de Causeur, le concept politique « d’anarcho-tyrannie » a été théorisé par un penseur américain dans les années 90. Populaire dans les milieux conservateurs outre-Atlantique, ce label a traversé l’océan dans les bagages de Philippe-Joseph Salazar, rhétoricien et philosophe français, occupant la chaire de rhétorique à la Faculté de Droit de l’université du Cap.

 

Anarcho-tyrannie : naissance d’un mot valise

L’esprit anglo-saxon a ceci de pratique quand il veut exprimer une idée. Il prend des mots, parfois contradictoires en ne s’embarrassant pas de présupposés idéologiques, les assemble à l’aide d’un trait d’union, et brode autour en déroulant le fil de la pensée. C’est une méthode simple et surtout redoutablement efficace dans la bataille sémantique dont nous ferions bien de nous en inspirer. C’est ce qu’a fait dans les années 90 Samuel T. Francis (1947-2005), essayiste et contributeur du Washington Post, avec le concept d’anarcho-tyrannie. Terme resté discret jusqu’en 2016 lors de la publication posthume de son Léviathan, une réflexion sur l’Etat moderne que nous subissons aujourd’hui, il connaît un regain de popularité dans les milieux proches du trumpisme, pour faire simple.

Nous laissons le soin à l’auteur de définir sa théorie : « Dans un État d’anarcho-tyrannie le gouvernement n’applique pas la loi et ne remplit pas les fonctions que son devoir légitime lui impose d’accomplir ; et en même temps l’État invente des lois et des fonctions qui n’ont pas de raison valide et ne répondent pas à un devoir légitime. Une caractéristique de l’anarcho-tyrannie est cette propension de l’État à criminaliser et à punir des citoyens innocents qui obéissent à la loi, et en même temps de se refuser à punir les délinquants. Une autre est le refus par l’État d’appliquer des lois existantes et de prendre encore plus de lois qui sont sans effet sur la véritable criminalité, mais qui criminalisent encore plus les innocents, ou restreignent leurs libertés civiles ».

Sommes-nous en « anarcho-tyrannie » ?

Le professeur Philippe-Joseph Salazar prend soin de nous prévenir sur son blog que ce concept aura du mal à s’implanter en France, l’anarchie étant apparentée à l’extrême-gauche et la tyrannie, à l’extrême droite, deux modèles politiques ayant durablement marqués l’Europe au cours des 19e et 20e siècles. Pourtant, la définition donnée par Samuel T. Francis ressemble furieusement à la situation que nous vivons depuis plusieurs années maintenant. Pour ne donner que quelques exemples, nous avons d’un côté une répression violente des Gilets jaunes quand les Black Blocs et autres antifas ne sont pas inquiétés. Génération Identitaire est sous le coup d’une dissolution quand la LDNA ou tout autre association islamo-gauchiste professe tranquillement sa haine de la France à chaque passage médiatique. Le brave citoyen dépassant de 15 minutes le couvre-feu après une heure dans les embouteillages créés par ledit couvre-feu se voit verbalisé sans vergogne, quand le dealer sait que son business ne sera jamais inquiété dans sa cité, devenue zone de non-droit depuis longtemps. Une liste malheureusement non exhaustive, à l’injustice criante.

L’ordre juste ou l’explosion

Ce deux-poids deux-mesures décrit précédemment est devenu insupportable pour de plus en plus de nos concitoyens. Ils perdent foi en la justice et en l’Etat et se réfugient dans l’abstention pour les élections ou parfois dans une contestation de plus en plus violente. Sans cautionner l’une ou l’autre de ces méthodes, comment ne pas les comprendre dans le contexte actuel ? Et l’Etat incarné aujourd’hui par la Macronie, au lieu d’une saine remise en question, se complait dans son sentiment de supériorité, en criminalisant toute opposition. La dernière condamnation de Marine Le Pen et de Gilbert Collard, accusés d’avoir diffusés sur les réseaux les exactions de l’Etat islamique, en est d’ailleurs le triste exemple.

Face à cette « anarcho-tyrannie », nous devons rétablir un ordre juste, incarné par Marine Le Pen. L’autorité de l’Etat doit être restaurée pour qu’il retrouve sa pleine légitimité. Notre pays morcelé est au bord de l’explosion, un état masqué par la crise du Covid mais pourtant bien réel. Nous avons une chance historique d’inverser le cours des choses en 2022. Ne la laissons pas passer. Il sera peut-être trop tard après.