En France, chaque année 100 000 animaux sont abandonnés pour des motifs plus inacceptables les uns que les autres. Ce comportement inhumain choque à juste titre une large majorité des Français qui ne comprennent pas pourquoi l’État n’agit pas avec fermeté contre cette marque évidente de cruauté.
De nombreux refuges sont saturés et n’ont plus les moyens de répondre à ce phénomène grandissant. Les bénévoles ne comptent pas leurs heures et leur argent pour prendre soin de ces animaux qui n’ont pas eu de chance, mais ils ne disposent pas d’un soutien suffisant de l’État alors qu’ils exercent une mission de service public. Si l’Assemblée Nationale a adopté en janvier dernier plusieurs propositions qui vont dans le bon sens, comme des restrictions à la vente en ligne des animaux de compagnie aux seuls refuges et éleveurs et l’interdiction de la vente de chiens et chats en animalerie pour 2024, il existe des mesures simples pour enfin répondre au cri d’alerte des bénévoles de la protection animale.
Tout d’abord, il faut responsabiliser celles et ceux qui font le choix de posséder un animal de compagnie en renforçant les sanctions contre les personnes qui abandonnent leurs compagnons. La meilleure solution serait sans doute la systématisation de l’interdiction de détenir un animal ainsi que des amendes dissuasives. Parmi les particuliers qui abandonnent leurs animaux, nombreux sont ceux qui le font car ils estiment que leur animal est agressif, cause des dommages matériels au domicile ou a des problèmes de santé. Il faudrait davantage accompagner la population pour qu’elle adopte les bons gestes dans l’éducation de son animal. Cette prévention permettrait d’éviter à terme de nouveaux abandons.
D’autre part, les associations et refuges le savent bien, la période estivale est synonyme de recrudescence du nombre d’abandons. Par exemple, en Italie, à Milan, des campagnes d’affichage ont été réalisées pour sensibiliser la population. Le but est de provoquer une prise de conscience au niveau national pour enrayer ce fléau.
Intégrer l’éthique animale dans les programmes scolaires permettrait de sensibiliser la population dès le plus jeune âge, car les enfants ont naturellement de l’empathie pour les animaux mais n’appliquent pas forcément les bons gestes, que ce soit pour éduquer ou jouer avec l’animal. Cela permettrait d’expliquer toute l’importance d’une bonne éducation et de contrôles réguliers chez le vétérinaire pour éviter des problèmes de santé ou de comportement. De plus, il faut insister sur le fait que pour l’animal, un abandon est un traumatisme dont il peut ne jamais se remettre, car son foyer représente le centre de sa vie et de son monde.
Il est aussi nécessaire de réfléchir à autoriser l’admission des animaux dans les EHPAD et foyers d’hébergement d’urgence. Non seulement la présence des animaux à un effet tout à fait bénéfique sur les résidents, mais beaucoup d’animaux sont abandonnés faute de pouvoir suivre leurs maîtresses et leurs maîtres quand ils intègrent un établissement.
Enfin, il faut aider les refuges à avoir les moyens de leur mission d’intérêt général, en renforçant les dotations mais aussi en rétablissant les contrats aidés et la réinsertion par le travail.
Toutes ces mesures de bon sens permettraient d’améliorer concrètement notre société sur un sujet qui dépasse les clivages partisans.