Les liquidateurs (Olivier Morlaix), La France vendue à la découpe (Laurent Izard), La fin de la mondialisation (François Langlet)… Nombreux sont les constats d’échec parus ces dernières années de notre politique industrielle. Si la France souhaite maintenir son rang parmi les grandes puissances, elle doit à tout prix en finir avec le mythe de la « mondialisation heureuse » des Macron, Minc et Attali et redevenir un Etat-stratège, dans la grande tradition colbertiste.

Les tenants du patriotisme économique le savaient depuis longtemps, la crise du Covid l’a révélé aux derniers eurobéats. L’Union européenne, loin de protéger ses pays ressortissants de la mondialisation, les expose à tous les dangers. Le protectionnisme y est interdit, seule la communion dans le libre-échange est autorisée. Résultat : notre industrie a perdu plus de 50% de ses effectifs ces 40 dernières années. La situation s’est particulièrement aggravée depuis la crise économique et financière de 2008. Plans de licenciement et restructurations se sont multipliés depuis quinze ans : Michelin, PSA, Arcelor-Mittal, Continental, Molex, Whirlpool, Tupperware… Cette désindustrialisation massive de la France a des répercussions dramatiques pour notre économie : chômage structurel, balance commerciale déficitaire, baisse des rentrées fiscales…

Les causes sont multiples, notamment des charges qui pèsent sur les entreprises et les salaires, à laquelle s’ajoute une instabilité fiscale. Pour ces raisons, les entreprises ont fait le choix de délocaliser leurs unités de production, à l’instar de l’industrie automobile. Les industries françaises mettraient aussi beaucoup moins l’accent sur la recherche et l’innovation que ses plus proches voisins. L’industrie ne peut pas non plus compter sur un tissu d’entreprises de taille moyenne (TPE-PME) alors qu’en Allemagne, dont le modèle est tant vanté, l’économie repose en partie sur ces moyennes entreprises, les fameuses Mittelstand. Ce sont toutes ces causes additionnées qui contribuent à augmenter les déficits.

Cependant, le fautif principal est l’Etat français. Privilégiant le secteur des services, les gouvernements successifs depuis Giscard se sont désintéressés de l’industrie française, qui fut pourtant longtemps le fleuron de notre puissance économique (Dassault, Thalès, Alstom, Areva, France Télécom…). Pire, dans une vision court-termiste, ils ont permis le rachat de nos grands groupes – Alcatel, Péchiney, Arcelor ou encore Technip – par des puissances étrangères, qui les ont pour certains liquidé ensuite. La France qui excellait alors dans ces domaines devient de plus en plus dépendante de ses importations, y compris dans des secteurs stratégiques : réseaux de télécommunications, turbines nucléaires et même armement.

Il y a soixante ans, le général de Gaulle lançait la création du parc nucléaire, du réseau autoroutier, du TGV. La France rêvait de grandeur avec les projets du Concorde, d’Airbus et d’Ariane. Aujourd’hui, le mot « souveraineté » n’est plus employé qu’à des fins purement communicationnelles par la Macronie.

Le renouveau du secteur industriel passe donc nécessairement par la mise en place de politiques publiques au niveau national mais aussi européen notamment dans les domaines de l’énergie, l’environnement ou encore la santé, technologies incontournables pour l’industrie de demain.

Voici quelques pistes de réflexion afin d’accomplir ce projet ambitieux :

  • Renégociation les accords de libre-échange, afin de rétablir une protection douanière raisonnée protégeant notre secteur industriel.
  • Accès prioritaire aux entreprises françaises pour tout marché public, à moins que la technologie demandée n’existe pas sur notre territoire.
  • Protection juridique de nos TPE/PME face à la pression des grands groupes. Lorsque l’Etat est actionnaire, il faut donner priorité à nos TPE/PME françaises dans les contrats de sous-traitance. Le réseau de ces petites et moyennes entreprises doit être préservé.

Le tout doit être accompagné d’un allègement de la pression fiscale afin que la France devienne à nouveau attractive.

Louis Picq

Louis Picq

Etudiant en journalisme