La caste politique qui a pris le contrôle des grandes villes estime que la qualité de l’air doit y être la même qu’à la campagne. Et elle s’en donne les moyens, à coup de taxes et d’écologie punitive. Et comme d’habitude, ce sont les classes populaires qui n’ont pas les moyens de changer de véhicules tous les cinq ans ou qui n’ont pas la chance d’habiter à 20 minutes de leur travail à vélo, qui vont trinquer.

 

D’ici 2024 la plupart des grandes villes de France vont devenir des zones à faibles émissions (ZFE). Bon nombre de véhicules dits « polluants » ne pourront donc plus circuler. Les grandes villes déjà concernées par les ZFE sont la Métropole du Grand-Paris (LR), Grand Lyon Métropole (EELV) et Grenoble-Alpes Métropole (Divers Gauche). Vont s’ajouter à cette liste d’ici la fin de l’année les agglomérations suivantes : Métropole d’Aix-Marseille-Provence (LR), Montpellier Méditerranée Métropole (PS), Métropole du Grand Nancy (PS), Toulouse Métropole (LR), Métropole Rouen Normandie (PS) et Toulon-Provence-Méditerranée (LR).

 

L’accès à ces zones est déterminé par les certificats qualité de l’air, connus sous le nom « Crit’Air » et matérialisés par de petites vignettes de couleur collées sur nos parebrises afin de classer publiquement les véhicules en fonction de leur dangerosité écologique, de Crit’Air 5, à « 100% électriques et hydrogènes », deux énergies vertes sans doute, produites sans générer la moindre pollution, comme chacun le sait.

 

Cette année, le Grand Paris a annoncé appliquer pleinement le Crit’Air dès le 1er juin 2021. A compter de cette date, les véhicules circulant dans les 79 communes franciliennes devront afficher obligatoirement leur petite vignette colorée. Les Crit’Air 4 et 5, soit les véhicules diesels immatriculés avant 2006 qu’on nous poussait à acheter neuf début 2000, seront interdits de circuler de 8h à 20h en semaine. D’ici 2022 s’ajouteront à la liste tous les véhicules essences immatriculés avant 2006 et Diesel d’avant 2011 (vignette Crit’Air 3). En 2024, la réglementation pourrait devenir bien plus contraignante : ça sera au tour des voitures essences immatriculées avant 2011 et les Diesel depuis 2011 (vignette Crit’Air 2). Si d’ici 2030, toutes les ZFE interdisent la circulation de voitures Crit’Air 2, ce sont près de 57 % des automobilistes qui pourraient être concernés et devront soit changer de véhicule, soit le laisser au garage, voiture de collection incluse.

 

Pour sanctionner les deux-roues et voitures qui n’auront pas de vignette, une amende forfaitaire de 68 euros pourra être attribuée. Pour les poids lourds le prix sera plus élevé soit 135 euros. Alors mieux vaut se procurer une vignette Crit’Air à 3.67 euros. Pour l’instant, seules les forces de l’ordre peuvent verbaliser. Mais le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé la mise en place d’une vidéoverbalisation d’ici la fin de l’année. Pour Pierre Albrieux, élu à la Confédération des petites et moyennes entreprises du Rhône, c’est une aberration : « Alors que nos entreprises luttent pour leur survie dans une crise majeure, elles vont avoir un deuxième coup de massue qu’elles n’ont pas encore vu venir. C’est une bombe ! »

 

Bombe économique pour les modestes ménages ainsi que nos TPE/PME qui tirent le diable par la queue depuis plus d’un an maintenant, et pour qui le changement contraint de voiture ou de camion de livraison n’était pas prévu au budget. Mais bombe également concernant nos libertés fondamentales, en l’espèce notre liberté de circulation. Ces mesures punitives auront pour conséquence d’exclure encore plus les classes populaires des métropoles. Au nom de la sacro-sainte écologie, de nouvelles frontières invisibles vont s’ériger, faisant au passage grimper encore plus le prix des mètres carrés.

 

Il est grand temps de sortir de cette course au greenwashing et de faire comprendre à cette caste politique que les métropoles n’ont pas vocation à devenir la campagne. Ce sont des zones d’activités économiques foisonnantes par définition polluantes. Toutes les villes ne se prêtent pas à devenir des zones piétonnes remplies de pistes cyclables. A Paris, le centre-ville se meurt, les embouteillages d’Anne Hidalgo ayant tué l’économie. Les magasins mettent la clé sous la porte, n’en pouvant plus des conditions pour se faire livrer, et faute de clients renonçant à s’y rendre.

 

Enfin il est temps également d’arrêter de subir cette dictature idéologique, responsable d’aberrations intellectuelles permanentes (cf. les polémiques sur le tour de France, le sapin de Noël, les aéroclubs, les clubs de voile et j’en passe…). La production de véhicules électriques nécessitant de grandes quantités de matériaux rares extraits en Afrique est tout sauf écolo-friendly. Et il faut bien des centrales nucléaires pour ces véhicules qui ont besoin d’être rechargés tous les 200 km. Or ce sont les mêmes écolos qui veulent sortir du nucléaire. Rappelons-leur que ce sont les centrales à charbon allemandes, l’Allemagne ayant décidé de sortir du nucléaire en 2011 après l’explosion à Fukushima, qui sont régulièrement responsables des pics de pollution en Ile-de-France. Pics de pollution qui sont entre autres à l’origine de la vignette Crit’Air. La boucle est bouclée.

Louis Picq

Louis Picq

Etudiant en journalisme