Lyon, Rillieux-la-Pape, Beauvais, Metz, Longwy, Montbéliard, Tomblaine… la liste des villes où sévissent quotidiennement des violences urbaines, est désormais trop longue pour pouvoir être citée intégralement. Ainsi, des dizaines de milliers de nos concitoyens sont confrontés à la violence, aux dégradations et à la mise à sac des quartiers dans lesquels ils vivent, non plus pour le meilleur, mais dorénavant pour le pire. Voitures incendiées, abribus détruits, commerces endommagés, équipements publics saccagés, tel est le spectacle qui s’offre à leurs yeux chaque matin après des nuits d’émeutes qui n’en finissent plus. Voilà le résultat d’années de laxisme, de laisser-faire et d’indulgence coupable à l’égard de caïds qui n’ont qu’une idée, mettre à bas les valeurs de la République et poursuivre leurs trafics en toute impunité.

Car ne nous y trompons pas, il y a longtemps que dans ces endroits perdus de notre territoire, les revendications sociales qui servaient hier à justifier tous les débordements, ont cédé le pas à une volonté farouche de s’opposer à l’État et d’imposer, par la force, la loi des bandes et des communautés. Le vieil argument qui voulait que la délinquance et la violence soient les signes de révolte d’une population paupérisée et marginalisée, est aujourd’hui chaque jour contredit par l’actualité. De fait, des milliards de francs puis d’euros ont été injectés au cours des dernières décennies dans ces quartiers en difficultés économiques et sociales (entre 120 et 180 milliards d’euros en 40 ans). De nombreux plans et programmes d’actions ont été mis en œuvre et développés pour venir en aide aux populations les plus défavorisées, notamment par le biais de subventions à près de 15.000 associations ! La jeunesse de ces quartiers a, en particulier, pu profiter d’une manne financière sans équivalent ailleurs dans notre pays. Résultat ? La situation n’a cessé de se dégrader. L’argent public a été déversé dans un puits sans fond, quand il n’a pas, tout simplement, été détourné par certaines familles ou certains clans. Si la même ardeur financière avait été appliquée à nos campagnes, de nombreux villages de France seraient aujourd’hui florissants et nos agriculteurs pourraient vivre dignement.

Le constat est donc sans appel. Les politiques de la ville (à laquelle le gouvernement Castex vient d’octroyer une énième enveloppe de 3,5 milliards d’euros) ont été, à de très rares exceptions près, des échecs patents. Nombre de villes et de quartiers qui ont vu arriver l’argent des contribuables à flot, sont maintenant gangrenés par le crime. Les réseaux mafieux ont pris possession de lieux où même la police ne pénètre plus, si ce n’est à l’occasion d’opérations de police judiciaire de grande envergure longuement préparées en amont. C’est d’ailleurs souvent à l’issue de ces opérations que se déclenchent les violences urbaines !         Soucieuses de protéger « leurs territoires », lieux de trafics divers et variés (drogue, tabac, alcool, armes, etc.), les bandes n’hésitent pas à déclencher une véritable guérilla contre les forces de l’ordre. Attaques de commissariats ou de casernes de gendarmerie, embuscades destinées aux policiers, aux gendarmes, voire même aux pompiers, tout est mis en œuvre pour que ces espaces restent sous le contrôle de ces criminels.

Face à ce qui est clairement devenu un conflit ouvert entre l’État et des bandes séparatistes, la riposte demeure insuffisante et largement inadaptée. Afin de reprendre le contrôle de ces zones de non droit, il convient de faire de la lutte contre les bandes et les gangs une priorité sécuritaire. Cela commence par une mise à contribution puissante du renseignement territorial qui, compte tenu de son expérience en la matière, est parfaitement capable d’identifier rapidement tous les acteurs concernés. En second lieu, il faut renforcer les effectifs de police et de gendarmerie compétents sur ces zones et multiplier les patrouilles et les contacts avec les populations. Cet élément de la reconquête est déterminant. Sans doute risque t-il, dans un premier temps, de provoquer des réactions hostiles et violentes qu’il faudra que l’État assume.  Troisièmement, les individus interpellés dans le cadre de ces opérations de police et qui se seront rendus coupables d’infractions caractérisées, doivent pouvoir être présentés sans délais à un juge et être sévèrement condamnés (les lois existent déjà pour ça). Les meneurs doivent faire l’objet d’interdictions de séjours sur les départements concernés et, s’ils sont étrangers, être expulsés.  Enfin, les parents des mineurs mis en cause dans la commission de crimes ou de délits devront, si leur complicité ou leur complaisance coupable est établie, être sanctionnés. Ce moment fort mais désormais indispensable de la reconquête de nos quartiers, n’exclut en rien une large consultation en amont avec les élus et les représentants des populations afin d’obtenir, sinon leur soutien, au moins leur assentiment. C’est seulement par une action ferme et déterminée que l’État pourra restaurer l’état de droit aujourd’hui disparu dans de nombreux endroits du territoire national, et redonner de l’espoir à ceux de nos concitoyens qui ne demandent qu’à vivre dans la paix et la concorde.

Olivier Damien

Olivier Damien

Docteur en Droit Ancien Commissaire Divisionnaire